Une participation problématique
Jeanne d'Arc eut un rôle court dans la Guerre de Cent Ans, mais très important. Cependant, son parcours, avant d'arriver à obtenir une armure, un cheval et une épée fut assez compliqué. En effet, Jeanne était une femme, et, comme vu précédemment, la femme n'avait aucun statut; elle ne servait qu'à faire naître des enfants. Dans son livre "Jeanne D'Arc", Colette Beaune précise bien que "La guerre n'avait et ne devait pas avoir un visage de femme". Il y a plusieurs raisons qui justifient cette phrase. Premièrement, la femme, dans les pensées de tous, était faible de corps et d'esprit. De plus, une supériorité masculine importante s'était dégagée à l'époque. La seule utilité qu'on pouvait trouver à la femme était son rôle capital à la perpétuation de la vie. En effet, sur ce point, elles étaient indispensables. Les femmes ne pouvaient pas non plus combattre, car selon des règles de chevalerie, un chevalier ne pouvait faire la guerre aux femmes. De plus, on croyait la femme tout à fait incapable de se battre, de tuer des gens, et de commander une armée.
Jeanne D'Arc a bien démontré le contraire. En effet, elle a réussi à s'imposer parmi ses compagnons masculins, et à diriger son armée. Jeanne a obtenu un statut, délivré par le Roi, mais différent de celui de chevalier. En effet, il n'y a eu ni adoubement, ni remise officielle, lorsque que l'on a remis les armes à Jeanne. Dans le film, on a une image assez stricte de Jeanne D'Arc, sûre d'elle. On la voit, en revanche, subir quelques moqueries de la part de ses compagnons de route, jusqu'à ce qu'elle monte le ton, et leur prouve qu'elle peut avoir de l'autorité. Elle gagne ainsi leur respect, et prouve qu'une femme peut commander une armée. Durant toutes les scènes de bataille, on la voit tuer et se battre sans pitié, et elle démontre aussi qu'une femme peut se battre, et participer à la guerre.
Cette enluminure est tirée des actes du procès de Jeanne d'Arc. Elle représente bien la transformation de Jeanne en chevalier : Jeanne a les armes en main, et désigne du doigt un château, représentant le royaume. Elle porte tout de même ses habits de bergère, et derrière elle, le paysage est paisible, et il représente sûrement sa campagne natale. Cette enluminure incarne parfaitement la détermination et la transformation de Jeanne la bergère innocente, en Jeanne, la femme guerrière déterminée.
Nous allons analyser un extrait du film de Luc Besson.
Cet extrait représente la vérification de la virginité de Jeanne d'Arc à la demande du dauphin, afin de voir si Jeanne correspond bien à la prophétie, selon laquelle une vierge provenant de Lorraine sauverait le Royaume de France.
Nous pouvons observer la présence de la cour du Roi, ainsi que des infirmières. Ces dernières arrivent dans la salle avec un grand drap blanc, qu'elles déplient afin de protéger l'intimité de Jeanne d'Arc. La Pucelle entre, vêtue d'une robe blanche et d'un foulard de la même couleur sur la tête; ici, le blanc représente l'innocence. Elle semble effrayée, perdue, ne comprend pas pourquoi tant de personnes sont présentes, mais lorsqu'une des infirmières lui indique le chemin à prendre, elle se dirige calmement, tête baissée, vers l'endroit indiqué. Elle prend place avec deux infirmières autour d'elle, mais n'est pas sereine. Une autre infirmière, plus âgée, arrive d'un pas ferme et fait un geste de la main aux deux autres, les autorisant à soulever la robe de Jeanne. La doyenne passe ses mains sous l'eau pour une question d'hygiène et entre à l'intérieur du drap. Jeanne d'Arc est inquiète, les mains jointes, elle semble prier. Un homme chante durant la consultation. Après avoir examiné Jeanne, l'infirmière ressort et affirme la virginité de cette dernière. La mère du Dauphin a une mauvaise réaction, elle semble énervée mais se contient.
Dans cet extrait, la religion est présente. En effet, la question de la virginité de Jeanne d'Arc rappelle l'histoire de Marie dans la Bible, dont la virginité était mise en doute, vu qu'elle est tombée enceinte alors qu'elle était encore vierge. Jeanne, dans cette scène, porte un voile blanc qui rappelle celui de Marie, et porte un synonyme du surnom que cette dernière : Pucelle/Vierge. Nous pouvons donc affirmer que Jeanne d'Arc est comparée à la Vierge.
La notion de virginité est très importante au Moyen-Âge : en effet, selon la religion, les femmes devaient rester vierges jusqu'au mariage, valeur qu'on ne retrouve pas chez les hommes, qui n'avaient pas cette obligation. La religion étant très importante, voire capitale à l'époque, il était d'usage de la suivre. Si on se rendait compte qu'une femme n'avait pas respecté cette règle, elle pouvait alors ne jamais connaître de mariage, voire être reniée. A partir du mariage, en revanche, la maternité devient très importante dans la vie d'une femme, car c'est elle qui s'occupe de porter le bébé pendant ces neufs mois, de le faire naître, mais en plus de s'occuper de lui durant toute son enfance. Cette notion de virginité prend une grande importance ici, car il s'agit de vérifier les voix divines que Jeanne aurait entendu, ces voix précisant bien qu'une pucelle sauverait le royaume de France. Le dauphin doit donc vérifier et s'assurer de la virginité de Jeanne, pour ensuite pouvoir lui confier une armée.
La participation de Jeanne d'Arc était donc assez problématique durant la Guerre de Cent Ans, le fait qu'elle soit une femme ne plait pas aux hommes, car une femme, qui n'a pas de conscience et n'est pas assez intelligente pour eux, ne peut pas mener toute une armée. De plus, la remise en question de sa virginité est une contrainte en plus à sa participation durant la Guerre de Cent Ans.